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mardi 3 janvier 2012

Laurent Pelly, metteur en scène du merveilleux : Cendrillon, au Théâtre de La Monnaie

Cendrillon, l'opéra de Jules Massenet (1852), dont cette production a été réalisée pour la première fois à l'Opéra de Santa Fe, est repris depuis du 9 au 29 décembre 2011 au Théâtre Royal de La Monnaie / De Munt (voir un extrait en vidéo). C'est une version scénique assez peu connue du  conte de Perrault, comparée au ballet de Prokofiev ou à la célèbre Cenerentola de Rossini.

Est-ce l'esthétique profondément "XIXème" de l'oeuvre ?  Toujours est-il que de nombreux passages, oniriques, féeriques, notamment la très belle scène de la transformation par la marraine, où la scène est envahie de répliques de Cendrillon en chemise de nuit,  évoquent le ballet romantique.

On retrouve la même idée de la figure principale démultipliée, dans un entre-deux dont on ne sait pas très bien s'il  se rapporte au rêve ou à la réalité (du conte !) , s'il doit s'inscrire dans la linéarité de l'histoire ou comme une parenthèse.

C'est loint d'être  le seul intérêt de cette mise en scène très réussie.

Ils s'agit d'une résolution ingénieuse du problème posé bien souvent par la mise en scène d'un conte ou mythe archi-connu, qui plus est appartenant au monde de l'enfance. Comment le rendre intéressant ? Le transfigurer ? Le transposer ? L'actualiser ? Pour Cendrillon par exemple, on connaît bien la version chorégraphique de Noureev, qui choisit de situer l'action dans l'univers du cinéma des années 30, avec un résultat mitigé.
Laurent Pelly, qui envisage rarement l'opéra sans la danse (il réalise la plupart de ses mises en scènes d'opéra en collaboration avec la chorégraphe Laura Scozzi), parvient à donner une tonalité fantaisiste à une œuvre qui, prise telle quelle, risquait de ne révéler que ses aspect mièvres, voire kitsch.

En prenant littéralement l'histoire "au pied de la lettre" (les décors sont constitués essentiellement de lettres ou de mots extraits du conte), Laurent Pelly nous rappelle sans cesse notre position de spectateur qui vient à l'opéra, spécialement en cette période de fêtes de fin d'année, pour être émerveillé. Les personnages semblent ainsi "sortir" comme par enchantement de divers passages du conte, pour se matérialiser sur scène, pour le temps d'une représentation.  En privilégiant l'harmonie visuelle par rapport à la cohérence narrative, en transformant par exemple le sens des mots (le "bois" du livret se trouve ainsi métamorphosé en une forêt...de cheminées),   il insiste sur l'essence même du conte : sa magie. Il joue le jeu du merveilleux et créé un univers à la fois féérique et cocasse, qui ne sort jamais du cadre du conte, mais qui au contraire, en matérialise sans cesse les limites, dans un hommage également rendu aux artifices du monde du spectacle.


La production est visible dans son intégralité sur le site de La Monnaie.
 

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